L’effectivité de la tenue des élections en 2023 en RDC sera le sujet du 34ème épisode de la Chronique « Mon point de vue » de ce Lundi 18 avril 2022. Alors que les jours s’égrènent, et que les délais des échéances approchent à grand pas, le Révérend Nicolas Kyalangalilwa interroge la raison, par rapport à l’effectivité du processus. Compte tenu des différents facteurs, pourtant cruciaux pour un processus transparent et apaisé, il établit un doute justifié, quant au respect des délais. Il suggère en outre la mise sur pied d’un climat de confiance entre les acteurs, et différentes parties prenantes au processus, pour que les élections puissent être ponctuées d’un réel succès.
La RDC est dans la phase inter électorale. Elle se prépare aux prochaines échéances électorales pour l’année 2023 déjà. Le parlement a commencé les débats et discussions sur les différentes propositions de la loi électorale. Il y a beaucoup d’appels à des reformes. Il faut reconnaitre que nous en sommes à notre troisième cycle électoral et les failles du système se sont identifiées. Tout le monde réclame un système plus transparent qui reflète réellement la volonté populaire avec moins d’opacité. L’agenda doit être conduit par le désir de la population et non la recherche effrénée des politiciens à garder (ou conquérir) le pouvoir.
Malgré que l’équipe de la CENI affiche au complet, il ne faut pas oublier les turbulences qui ont conduit à sa désignation ainsi que le scepticisme qui règne au sein de certains politiques qui ne jurent que par son remplacement. Ils anticipent déjà des tricheries à grande échelle. Cette attitude est un défi majeur dans la crédibilisation du processus électoral. Aussi longtemps qu’il y aura des doutes sur le processus, les élections seront contestées et les conflits post-électoraux ne sont pas évités. Que les dirigeants actuels se penchent sur cette question et qu’ensemble avec les forces politiques et la société civile, et les différentes parties prenantes, ils prennent le temps de s’accorder sur les règles du jeu avec comme boussole première l’intérêt du peuple et non le partage du gâteau. Notre jeune démocratie en dépend.
Il faut noter aussi que malgré les promesses politiques de la tenue des élections dans le délai constitutionnel (23 décembre 2023) il est à ce stade difficile d’affirmer que cette date sera respectée. On peut espérer le mieux, mais la réalité sur terrain nous indique qu’il y aura un glissement d’au moins dix-huit mois. A ce stade le processus d’identification des électeurs (enrôlement) ainsi que l’ajout des nouveaux électeurs dans le fichier électoral tout en supprimant ceux qui sont décédés depuis le premier cycle n’est pas encore entamé. On a vu la CENI, essayer de commencer le processus de recrutement de certains cadres mais il reste encore à les former et les déployer. Et cela ne se fera pas du jour au lendemain.
Il y a aussi la question des moyens. Pendant que le gouvernement affirme qu’il a prévu un paquet nécessaire pour les échéances électorales prochaines, la Centrale électorale ne semble pas confirmer ce message. Cette cacophonie dans la communication n’inspire elle aussi pas confiance et n’augure rien de bon.
Nous ne pouvons pas parler des élections sans revenir sur la question de consensus politiques entre les grandes forces sur la scène politique congolaise. Pendant que l’opposition ne jure que par le remplacement des animateurs de la CENI qu’ils jugent trop proches du pouvoir et issus d’un processus non consensuel, le pouvoir en place affirme que ce dossier est clos et que le cap est maintenant pointé vers les prochaines échéances électorales. Notons aussi que la société civile insiste sur la nécessité d’avoir cette fois-ci les élections à tous les niveaux (locales, provinciales, nationales et présidentielles) surtout que la machine à voter a été introduite aux élections passées et que l’on tend vers sa formalisation. Il est donc possible d’organiser tous les scrutins à moindre coût, en un seul jour et sur toute l’étendue du territoire. Un point de vue que je partage car il est inadmissible qu’a notre quatrième cycle électoral, on ne soit pas à même de conduire des élections locales qui pourtant sont à la base du développement car elles rapprochent les dirigés des dirigeants ; surtout dans notre système constitutionnel qui consacre une forte décentralisation. Il en va du futur de notre nation.
Je suis de ceux qui ont de l’espoir et qui sont optimistes que les élections auront lieu le moment venue (probablement pas en 2023). Cependant la date importe peu, ce qui compte c’est que le cycle soit complet, le processus transparent et réellement représentatif de la volonté populaire. Il est temps que la démocratie soit une réalité en RDC. Mais avons-nous le courage politique, et l’audace sociale de s’assurer que cet espoir ne soit pas ravi et confisqué par des politiciens véreux qui ne pensent qu’au cours terme et qu’à conserver leur pouvoir ? L’avenir nous le dira.