La journée internationale pour la défense des droits des femmes et les défis observés dans notre contexte, Sud-Kivu

Merci d’être nombreux à l’écoute de ce vingt sixième numéro de ce jeudi 09 mars 2022. Laissez-moi vous souhaiter un excellent début de semaine et particulièrement un heureux mois de mars (pour nos auditrices). Ensemble travaillons pour une société plus égalitaire et juste envers ses membres et plus particulièrement les femmes. Dans ce numéro, nous allons parler de la journée internationale des défenses des droits de la femme (communément célébrée le 08 mars et appelée la journée internationale de la femme) ainsi que les défis observés dans notre contexte, le Sud-Kivu.

Le 08 mars de chaque année, en RDC comme dans d’autres pays tout le monde est à l’heure et l’ambiance a la célébration. L’objet de cette célébration c’est la femme en général dans son rôle de mère, de sœur, de partenaire bref l’autre moitié de l’humanité. C’est une journée internationale mettant en avant la lutte pour les droits des femmes et notamment pour la fin des inégalités par rapport aux hommes. Mais les choses n’ont pas toujours été ainsi.

Cette journée est la résultante des luttes féministes menées sur les continents européen et américain. Déjà le 28 février 1909, une « Journée nationale de la femme » est célébrée aux États-Unis à l’appel du Parti socialiste d’Amérique. En août 1910, l’Internationale socialiste des femmes célèbre le 19 mars 1911 la première « Journée internationale des femmes » et revendique le droit de vote des femmes, le droit au travail et la fin des discriminations au travail. Depuis, des rassemblements et manifestations ont lieu tous les ans.

Curieusement, c’est la Russie soviétique qui est le premier pays à officialiser cette date (08 mars) en 1921 en en faisant un jour férié mais non chômé jusqu’en 1965. L’évènement restera principalement cantonné aux pays du bloc socialiste jusqu’à la fin des années soixante, lorsqu’il sera repris par la deuxième vague féministe.  C’est finalement en 1977 que les Nations unies officialisent la journée, invitant tous les pays de la planète à célébrer une journée en faveur des droits des femmes. La « Journée internationale des femmes » fait ainsi partie des 87 journées internationales reconnues ou introduites par l’ONU. C’est une journée de manifestations à travers le monde : l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes dans la société et de revendiquer plus d’égalité en droits. Traditionnellement, les groupes et associations de femmes militantes préparent des manifestations partout dans le monde, pour faire aboutir leurs revendications, améliorer la condition féminine, fêter les victoires et les avancées.

Il sied donc de nous poser la question de bilan par rapport à l’évolution des droits de la femme en RDC. Alors que nos instruments légaux reconnaissent les droits des femmes, pourquoi ne les voyons-nous pas en avant dans plusieurs secteurs de la vie plus particulièrement celle de prise de décision ?  Dans la législature actuelle au niveau nationale seule 50 femmes siègent dans la chambre basse (soit 10.3%) et 19 dans la chambre hautes (soit 18%). Aucune femme n’est à la tête d’une des 26 provinces. Le gouvernement du premier ministre Sama Lukonde a 15 femmes soir 27% de ces membres. Le pourcentage est le même pour le gouvernement Ngwabidje 2.  Pour l’élection des gouverneurs et leurs seconds annoncée pour le mois d’avril 2022 par la CENI, sur un ensemble d’environ 70 noms repris (pour le compte de la mouvance au pouvoir), huit (8) sont des femmes pour les deux catégories de postes, soit presque encore 10%. Quatre au poste de gouverneur et 4 au poste de vice-gouverneur. Nous sommes encore très loin des 50% !

Certes il faut reconnaitre les avancées mais il nous faut aussi inspecter le système actuel pour analyser objectivement les aspects de notre culture qui freine des avancées plus significatives. Nous n’arrivons même pas au 30% que nous nous sommes fixé légalement pour la représentation minimale des femmes dans les institutions publiques. Quand atteindrons-nous les 50% auquel nous aspirons et prévu à l’article 14 de notre Constitution, plus de seize ans après son adoption ? Il y a des pays au monde qui ont réussi les défis de la parité, pourquoi la RDC ne rejoindrai pas ce club des pays d’ici quelques années ? Et il ne s’agit-là que de représentation. Nous n’avons pas encore ouvert la boite a pandore sur les questions de traitements égalitaire ou de discrimination dans les lieux de travail !

Il nous faudra ne pas nous contenter des avancées réalisées mais de développer des ambitions plus sérieuses. Pas seulement sur papier mais en pratique et d’une manière objective et mesurable. Et pour ce faire, il faudra la participation de tous. Ce combat ne doit pas être uniquement celui de quelques femmes militantes, mais le combat de tous dans la société. Notre société ne perd en n’incluant pas une partie importante de sa population dans la vie active. Nous n’en sortirons que plus enrichis et plus fort. Mais sommes-nous prêts à prendre ce défi au sérieux ?

Chers amis auditeurs et auditrices de la Radio Universitaire Jambo FM, merci d’avoir suivi « MON POINT DE VUE ». Dans ce numéro, nous avons parlé de de la journée internationale des défenses des droits de la femme ainsi que les défis observés dans notre contexte, le Sud-Kivu. Cette chronique vous a été présentée par le Rev Nicolas Kyalangalilwa. Laissez-moi vous souhaiter un heureux mois de mars (mois de la femme) et une excellente semaine. A très bientôt pour un nouveau numéro. En attendant portez-vous bien et que Dieu vous bénisse !