Une république des juges et une province des motions ?

Merci d’être nombreux à l’écoute de ce quarantième numéro. Laissez-moi vous souhaiter un excellent début de semaine ! Ensemble travaillons pour une société plus juste envers ses membres et plus inclusive. Dans ce numéro nous revenons les sagas observées à la cours constitutionnelles ainsi que celle des motions de censure contre les ministres provinciaux au Sud-Kivu, quelles analyses en tirer ?

Une république des juges et une province des motions ?

La nouvelle est tombée très brusquement. Personne ne s’est étonné et pourtant le concerné n’en croyait pas ses yeux ! Le Prof Dr Dieudonné KALUBA DIBWA a été écarté de la présidence de la Cour constitutionnelle et du Conseil supérieur de la magistrature. Le mardi 10 mai, à l’issue d’un tirage au sort, les juges Prof Dieudonné Kaluba, Prince Funga Molima et Polycarpe Mongulu, décédé récemment, sont écartés de la cour. Ils ne font donc plus partie de cette haute juridiction. La loi prévoit que tous les trois ans la Cour procède au renouvèlement d’un tiers de ses membres, qui peuvent être aussi réélus et cela en dépit de leur mandat de neuf ans.

Elu Président pour un mandat de trois ans renouvelables, au cours de l’assemblée plénière élective de la Cour constitutionnelle ténue ce mardi 20 avril 2021 (il y a presque une année), le Prof Dr Dieudonné KALUBA DIBWA succéda à Benoît LWAMBA BINDU qui a, volontairement, depuis juillet 2020, quitté ses fonctions de Président et de Juge à Cour constitutionnelle par voie de démission. On se souviendra tous de la tension politique que ce « forcing » avait comme conséquence un peu plus tard en la rupture totale de la coalition FCC-CACH. D’aucun n’insistait que le Président Felix eût mis son homme de main à la tête de la magistrature pour s’assurer l’allegiance de tous et récompenser ce fidèle lieutenant pour le résultat du fameux procès de 100 jours qui avait réussi a écarté un potentiel challenger aux élections de 2023. D’ailleurs en ce temps l’ancienne présidente de l’Assemblée Nationale avait dénoncé l’instauration d’une « république des juges » et non des « lois ». Comment le Prof Dr Dieudonné KALUBA DIBWA est-il tombé en disgrâce en si peu de temps pour se voir choisi par le sort parmi les juges qui devait quitter la cour constitutionnelle ? Tout le monde parle de l’affaire du Sénateur et ancien Premier ministre Matata Ponyo comme la raison de la déchéance du professeur Dibwa. On raconte qu’on ne lui a pas pardonné d’avoir le 15 novembre 2021, déclaré que la cours était incompétente pour juger l’ex-premier ministre, mettant fin ainsi à ce qui devait être une démarche d’écarter un autre challenger déclaré à la présidentielle de 2023. Si cela se révélait être vrai, la promotion et la demotion du Prof Dieudonne Kaluba devrait inquiéter plus qu’un quant à l’indépendance de la justice et surtout au plus haut sommet face au pouvoir politique. Dans un Etat qui se veut de droit le principe sacro-saint de la séparation des pouvoir est un gage sine qua non de la stabilité de la république. Si le pouvoir politique commence à donner des injonctions au pouvoir judiciaire, cette république est morte. Et cela devrait nous inquiéter tous.

Une autre histoire qui a surpris plus d’un c’est le vote sur la motion de censure contre la ministre provinciale de l’Education, madame Géneviève Mizumbi. Les députés ont décidé en majorité qu’elle reste dans ses fonctions. Ils sont donc satisfaits du travail qu’elle a fait. N’en déplaise à ses détracteurs. Ce que ce vote révèle aussi est qu’au sein de l’Assemblée provinciale, une nouvelle dynamique s’est installée en faveur de l’exécutif provincial. A tout seigneur tout honneur. Il faut lui reconnaitre son génie politique à Mr Théo Ngwabidje. Il a su par je ne sais quelle magie, regagner en moins de six mois la confiance d’une Assemblée qui avait voté en majorité et ne jurait que par son départ. Autant il s’agit d’une victoire politique digne d’être notée, autant le citoyen devrait être inquiet. La constitution consacre le parlement comme organe de control du gouvernement. Des cas et situation ou les députés sont maintenant sous le joug de l’exécutif, comme c’est le cas autant en province qu’au niveau national devrait nous inquiéter. A quoi servent alors ces Assemblées budgétivores si elles ne sont que des panneaux de résonance des tenants du pouvoir exécutif ? Vaut mieux alors revenir à la deuxième république plutôt que d’être dans une troisième république au couleur et action de la seconde république. Au moins pendant la deuxième république on savait à quoi on avait affaire et le peuple n’était pas nourris par des faux espoirs.

Des questions s’imposent et des choix doivent se faire quant à l’avenir de nos institutions et de notre république. Mais aura-t-on le courage de mettre ces débats sur la place publique ?

Chers amis auditeurs et auditrices de la Radio Universitaire Jambol FM, merci d’avoir suivi « MON POINT DE VUE ». Dans ce numéro, nous sommes revenus sur les sagas observées à la cours constitutionnelles ainsi que celle des motions de censure contre les ministres provinciaux au Sud-Kivu. Nous en avons tiré quelles analyses. Cette chronique vous a été présentée par le Rev Nicolas Kyalangalilwa. Laissez-moi vous souhaiter une heureuse semaine. A très bientôt pour un nouveau numéro. En attendant portez-vous bien et que Dieu vous bénisse !