Merci d’être nombreux à l’écoute de ce trente septième numéro. Laissez-moi vous souhaiter un excellent début de semaine ! Ensemble travaillons pour une société plus juste envers ses membres et plus inclusive. Dans ce numéro nous revenons une seconde fois sur les leçons à tirer de la campagne présidentielle française pour notre jeune démocratie en RDC.
Et si on parlait de l’avenir de la RDC ?
Le dimanche 24 avril 2022, les Français sont allés aux urnes pour le second tour d’une élection présidentielle. Ils ont choisi le président qui présidera à leur destinée pour les prochaines cinq années. Mr Emanuel Macron a gagné ces élections avec une victoire nette sur madame Marine le Pen, qui pourtant a fait le meilleur score de l’histoire de son parti. Une victoire plutôt sombre pour le président sortant car presque un Français sur trois s’est abstenu de voter. Un signe fort indiquant que les alternatives politiques offertes par les formations politiques françaises n’étaient plus crédibles ou au moins capable de répondre aux besoins et préoccupations actuelles des Français. Le président élu Mr. Emmanuel Macron l’a reconnu dans son discours de victoire, reste à savoir s’il donnera des signaux et actions fortes en réponse à ces préoccupations des Français qui non seulement l’ont soutenu mais surtout ceux et celles qui se sont abstenus de voter et qui ne lui ont pas fait confiance au travers leurs votes.
Pendant cette même période d’entre les deux tours présidentielles en France, dans notre pays la RDC, le débat au parlement tournait autour de la loi électorale. Le groupe des 13 (G13) a fait une série des propositions des réformes de la loi électorale qui sont discutées et débattues au parlement. Je dois l’avouer les débats n’étaient pas encourageant pour celui qui veut voir notre jeune démocratie aller de l’avant. Ces débats n’étaient pas non plus surprenants si vous êtes un observateur averti de la vie politique et sociale en RDC. Je vous en épargne les détails.
Ce qui manquait dans ces débats et discussions et dans presque tous nos des débats politiques et sociaux, c’est le courage de sortir des sentiers battus, d’embrasser des nouvelles idées (qui n’ont peut-être jamais été testées) et d’oser inventer un futur qui sera le meilleur pour nous tous congolais. Dans un pays où plus de 80% des dépenses sont liées aux rémunérations des personnels (politiques et administratifs), il est un important qu’un débat sur le futur de notre pays entant que nation soit mis sur la place publique, considérant que très peu de nos ressources sont investis dans la création de l’emploi et des richesses. Si l’Etat est incapable de créer un environnement économique, social et sécuritaire qui puisse créer la richesse, pendant que les problèmes sécuritaires, ségrégationnistes, identitaires, de chômages et d’urbanisation pullulent, on ne peut pas se permettre le luxe de rester au niveau des débats stériles, à mon humble avis, sans impacte directe sur la vie quotidienne des populations. Il est temps que les acteurs sociaux et politiques arrêtent d’être obsédés par les questions d’accès au pouvoir et commencent à parler de l’avenir de ce pays et de ses peuples.
Comment allons-nous créer un Etat fort au sein d’une Afrique en pleine mutation ? Quels sont les atouts que nous avons qui jusqu’à présent ne sont pas encore utilisés ? Comment s’assurer que l’Etat soit fort et respecté sur toute l’étendue de notre territoire national ? Comment avoir une administration efficace et efficiente ? Comment avoir une justice qui défend les faibles et rend des jugements justes ? Comment allons aider la masse des jeunes à devenir non pas un fardeau pour la république mais une source d’énergie créatrice de richesse en libérant le potentiel entrepreneurial qu’il porte ? Comment allons-nous travailler sur un système de taxation et d’impôts qui ne rend pas les faibles encore plus pauvres mais leur procure tout ce dont ils ont besoin pour créer la richesse, améliorer leurs conditions de vie et ainsi renflouer les caisses de l’Etat ? Comment allons-nous former et préparer nos jeunes de façons à ce qu’ils prennent les rennes du pays et le conduise vers des horizons meilleurs ? Comment allons-nous faire pour que le congolais vive plus longtemps, plus heureux, que les femmes soient plus actives dans la société et les instances de prises de décision ? Comment allons-nous protéger ces mamans qui meurent durant l’accouchement, ou ces enfants qui ne célèbrent jamais leur sixième anniversaire ou donner l’accès a des soins de santé de qualités à tous nos citoyens ? Comment allons-nous protéger nos jeunes contre les fléaux des drogues, du désespoir, du chômage, du banditisme, des groupes armés et de l’exil ? Et les questions sont nombreuses. Cette liste n’est pas exhaustive. Malheureusement ce ne sont pas ces questions qui dominent la place publique dans notre pays.
Le seul débat qui manque sur la place publique est celui de l’avenir de cette nation. Tous les secteurs de la vie sont au rouge, rien ne marche (sauf si vous êtes en politique ou proches du pouvoir) et pourtant personne ne lance de débat sur ce quel type de nation nous serons ou voulons être dans les prochaines 30-50 ans. « L’échec de la planification est la planification de l’échec » dit-on. Si nous ne parlons pas de ces sujets aujourd’hui, alors ne nous attendons pas à ce que les choses changent. Nous ne récolterons que ce que nous avons semé. Distraits dans la bière, l’ambiance, les prières, les polémiques politiques et sociales inutiles, le fatalisme, le tribalisme et régionalisme, nous allons nous réveiller un jour sous la domination des petites nations qui elles par leur courage, disciplines et détermination se seront préparer pour le futur. Ce ne sera pas la première fois que cela se produise, les exemples sont multiples au monde.
S’il y a eu une chose à apprendre de la campagne présidentielle française, c’est que nous devons élever les débats et penser sérieusement à notre future. Nous devons commencer à nous questionner sur notre trajectoire : où allons-nous ? Où serons-nous dans 30 à 50 ans comme nation ? A quoi ressemblera la RDC lors de son centenaire d’indépendance dans un monde qui change à une vitesse de croisière ? Si nous ne le faisons pas aujourd’hui, personne ne pourra le faire pour nous. Le moment c’est maintenant !
Chers amis auditeurs et auditrices de la Radio Universitaire Jambo FM, merci d’avoir suivi « MON POINT DE VUE ». Dans ce numéro, nous sommes revenus une seconde fois sur les leçons à tirer de la campagne présidentielle française pour notre jeune démocratie en RDC. Cette chronique vous a été présentée par le Rev Nicolas Kyalangalilwa. Laissez-moi vous souhaiter une heureuse semaine. A très bientôt pour un nouveau numéro. En attendant portez-vous bien et que Dieu vous bénisse !