Date : Vendredi 04 Novembre 2022
Merci d’être nombreux à l’écoute de ce quatre-vingt et troisièmement numéro. Laissez-moi vous souhaiter un excellente début de semaine. Ensemble travaillons pour une société plus juste et plus inclusive envers ses membres. Dans ce numéro nous reviendrons sur l’actualité nationale plus particulièrement la question sécuritaire autour de l’offensive des FARDC contre les rebelles du M23 !
Le M23, un casse-tête pour Felix ou une aubaine pour les pays de la sous-région ?
C’est depuis une semaine que la cité de Rutshuru est sous le contrôle des forces du M23. Et donc ce groupe qualifié de terroriste par le pouvoir de Kinshasa ne contrôle plus seulement la cité de Bunagana mais le territoire de Rutshuru maintenant. Des marches se sont organisées dans la ville de Goma le lundi 31 octobre 2022 et dans la ville de Bukavu le 02 novembre 2022 en soutien aux FARDC et par ricochet je le pense à son commandant suprême. Mais combien des marches doivent s’organiser pour que la situation change sur terrain ? N’est-ce pas le moment de se poser des questions plus profondes et plus pragmatiques ? N’est-ce pas le moment et l’opportunité pour le peuple congolais de faire une introspection de comment la nation tout entière s’est retrouvée dans la situation actuelle ? Les échecs militaires sur terrain, quel en sont les causes ? Avons-nous réellement la capacité de gagner cette guerre militairement ?
A la suite de la chute de Rutchuru, un ballet diplomatique s’en est suivi. Finalement le célèbre et intouchable ambassadeur du Rwanda en RDC a été invité à plier bagage. Le Rwanda a refusé de réciproquer. Malgré les condamnations des puissances ça et là, la rhétorique n’a toujours pas changé : la solution est le dialogue avec le M23. L’Union Africaine ira même plus loin dans son communiqué en invitant à un dialogue inter congolais à Nairobi. Il y a lieu de se poser la question de savoir ce qu’ils entendent par ce dialogue et quel en serait la finalité. En tout cas nous espérions que cela ne viendra pas remettre en cause l’ordre constitutionnel qui a conduit la république pendant ces seize dernières années.
Finalement au milieu de tout ces bruits, c’est le Kenya qui annonce qu’il va déployer sont contingent. Ne l’avait-il pas déjà fait ? Et oui il va le déployer pour entre autres occuper la zone sous contrôle du M23 et ainsi faciliter le retrait de ce groupe de ces zones. Des questions s’imposent. On croyait que le contingent Kenyan venait « imposer » la paix selon les dire de Mr Antonio Guterres. Puis on nous a dit qu’il venait s’interposer entre le M23 et les FARDC. Et maintenant on entend qu’ils vont occuper les zones sous contrôle du M23 pour faciliter leur retrait. Je me demande pourquoi a-t-on besoin des kenyan pour que le M23 se retire des zones qu’il occupe ? Pendant ce temps personnes ne parle des Ougandais qui sont sur le territoire congolais, qu’est-ce qu’ils font ? Quel est le niveau de réalisation de leur mission ? Il en est de même de l’armée burundaise au Sud-Kivu personne ne parle d’eux aussi. Je me demande ces sociétés civiles qui marchent, ne voient-elles pas ces choses du même angle ? Ou alors nous avons une vue sélective dans ce dossier. Ou carrément, on se moque du peuple, on utilise son mal et son humiliation pour se faire un nom et un positionnement socio-politique. Je n’ai pas des réponses.
Je dois cependant affirmer qu’il me semble que personne ne se rend compte que peut-être cette situation de chaos bénéficie à ceux qui n’ont pas de bilan. Elle booste un popularité qui s’effritait déjà. Elle transforme les bourreaux et ceux qui ont échoué en héros, messie et défenseurs de la patrie. En bourrant les oreilles du citoyen lambda des questions de guerres et d’agression, on lui fait oublier qu’il n’a pas de pain pour manger et que son avenir est de plus en plus précaire. Il oublie qu’une frange de la population se tape des millions derrière son dos et avec son accord. C’est une vielle méthode de contrôle de masse. Les romains nous avaient déjà introduit aux jeux des gladiateurs le « panem and circenses » (le pain et les jeux). Mais l’histoire aussi nous apprend que ces genres de politiques ne durent pas éternellement.
Dans un article qui circule, du journal belge le soir, paru le 02 novembre 2022, intitulé « Le Congo n’a d’autre ami que lui-même » la journaliste belge collette Braeckman, elle en vient à conclure que « les avancées actuelles du M23, suscitant la déception de Kinshasa et le déchaînement de l’opinion congolaise, risquent d’accentuer encore le dangereux isolement du Rwanda, sinon une « troisième guerre africaine » en territoire congolais. » Elle comprend la complexité mais aussi la dangerosité de la situation, malheureusement beaucoup des Congolais n’ont pas encore compris cette réalité. Les vrais amis du Congo ce sont les Congolais. On devra arrêter de penser que la solution à nos problèmes nous viendra de l’Est, de l’ouest du Nord ou du Sud. Notre histoire prouve à suffisance que tout ceux qui se disent nos amis ne sont en réalité que des gens qui cherchent à se positionner pour exploiter nos richesses à cause de nos faiblesses.
Chers amis auditeurs et auditrices de la Radio Universitaire Jambo FM, merci d’avoir suivi « MON POINT DE VUE ». Dans ce numéro, nous avons parlé sur l’actualité nationale plus particulièrement la question sécuritaire autours de l’offensive des FARDC contre les rebelles du M23 ! Cette chronique vous a été présentée par le Rev Nicolas Kyalangalilwa. Laissez-moi vous souhaiter une excellente fin de semaine. A très bientôt pour un nouveau numéro. En attendant portez-vous bien et que Dieu vous bénisse !
