La République Démocratique du Congo a organisé le 20 décembre 2023 son quatrième cycle électoral pour la quatrième république c’est à dire depuis 2006. C’est le troisième cycle auquel je participe activement. L’unique auquel j’étais un des compétiteurs aux législatives accompagnant activement un candidat à la présidentielle.
Mon point de vue est que ces élections ont eu le malheureux record d’être les plus chères de l’histoire de la RDC. Elles ont été organisées dans un empressement inédit mais aussi avec des failles qui en ont impacté la qualité des résultats à tous les niveaux et Dieu seul sait ce que l’avenir en retiendra. Ce sera le sujet d’un autre numéro. Je partage dans ce blog les leçons que j’ai apprises de la campagne et des élections.
Mon point de vue est que le peuple congolais a été formaté pour ne pas renouveler sa classe politique mais plutôt pour pérenniser un système qui malheureusement ne peut pas l’aider à sortir de son état de clochardisation. En néophyte politicien, idéaliste, je me suis lancé dans cette entreprise avec la ferme conviction que si une offre politique crédible était proposée au peuple congolais, il le saisirait. Je partais du postulat (comme bon nombre avant moi) que ce dont le peuple congolais avait besoin était une offre politique nouvelle. J’avais tort. J’ai vu les mêmes anciens qui pendant longtemps ont été la cause du malheur de ce peuple être acclamés et recevoir le suffrage de plusieurs et cela à ma très grande surprise- du moins si on devrait se fier aux résultats proclames par la CENI. Les discours d’hier ont tout à coup changé dans les derniers jours de la campagne. Je sais que plusieurs attribuent ce phénomène-à des effets surnaturels. Je crois plutôt que la conscience collective a été forgée d’une manière malsaine de façon que les gens ne votent pas avec leur tête mais plutôt à cause de cette « ambiance » artificielle que crée la campagne électorale qui d’ailleurs prive le peuple de tout débat sérieux. Ce qui est surprenant est que même les intellectuels sont victime de ce phénomène. Encore faut-il le dire, ils sont combien ces intellectuels ?
Mon point de vue est que finalement les élections sont décidées non pas les offres politiques mais plutôt pas un phénomène de corruption aussi ancienne que la terre : le clientélisme. Le compétiteur capable d’entretenir la plus grande base des clients est celui qui gagne les élections. Et cela à tous les niveaux. Je ne sais même pas si la jeunesse et le peuple se rende compte de ce problème en ce qui concerne le renouvellement de l’élite politique du pays. Il est plus ou moins claire que ceux qui n’ont pas accès aux ressources financières auront du mal à intégrer (et une fois à l’intérieurs à y demeurer compétitif) ce cercle de plus en plus fermé de ceux qui peuvent dépenser sans rechigner. Cela me rappelle l’empire romains dans sa phase de décadence : des sommes énormes étaient dépensées pour entretenir le peuple. Le garder distrait par le pain et les jeux. Nous y sommes déjà.
Mon point de vue est que je demeure très réservé quant au changement qu’un tel système peut offrir et pire à quel type de développement il nous conduira (si cette trajectoire est même envisageable). Ma peur est que l’histoire nous apprend que des pareils systèmes finissent toujours par l’implosion au travers une lutte armée. Dieu seul sait que la population a suffisamment souffert avec les guerres en RDC. Mais est-elle consciente de ce même danger ?
Mon point de vue est que le défi du changement revient donc à cette jeunesse qui pour l’instant semble endormie. Quel avenir désire-t-elle ? Quel prix est-elle capable de payer pour que le changement et développement cessent d’être des slogans creux ? Combien de temps faudra-t-il encore pour avoir des jeunes organises et intentionnels travaillant pour cette révolution que j’espère pacifique ?
Rev Kyalangalilwa M Nicolas