Un phénomène anodin qui étonne plus d’un dans la province du Sud-Kivu : les lettres administratives et communiqués en majuscules.

Merci d’être nombreux à l’écoute de ce seizième numéro de ce Lundi 07 février  2022. Laissez-moi vous souhaiter un excellent début de semaine. Dans ce numéro, nous allons parler d’un phénomène anodin qui étonne plus d’un dans la province du Sud-Kivu : les lettres administratives et communiqués en majuscules.

Depuis un temps on observe dans les communications du gouvernement provincial des communiqués en majuscules. Etonnant n’est pas ? On nous aura tous appris depuis l’école primaire que les lettres majuscules sont supposées être utilisées au début des phrases, et en des cas particuliers pour des mots sur lesquels on veut attirer l’attention du lecteur. En général, les communiqués et autres lettres s’écrivent en minuscules, généralement. En tout cas c’est ce que beaucoup d’entre nous avions appris à l’école, jusqu’à présent ! Mais comment en sommes-nous arriver à avoir des communiqués entiers en lettres majuscules ?

Et bien tout a commencé avec l’avènement du gouvernement Ngwabidje I. Je ne sais pas comment ni pourquoi mais il semble que toutes les fois qu’un communiqué sortait du gouvernorat, il avait soit des fautes d’orthographes ou des fautes grammaticales. Des accents manquaient, des virgules n’étaient pas placées au lieu nécessaire, etc. Les gens ont donc commencé à remettre en question ces documents et à les critiquer. Finalement, l’on décida de faire des communiqués en majuscule. Qu’est-ce que cela reflète ?

  1. Il est plus que claire que les critères politiques (et d’autres non avoués) ont prime sur la compétence dans la sélection des collaborateurs des gouverneurs. Comment alors comprendrait que le gouvernement provincial n’ait pas une seule personne compétente pour écrire correctement des lettres en français et cela sans fautes ! Peut-être que les partis politiques devraient ainsi revoir leur système de sélections des animateurs qu’ils envoient dans les institutions publiques pour éviter des opprobres de ce genres.
  2. Il ressort de cette problématique un reflet négatif de la qualité de notre système éducatif. Comment expliquer que des licenciés et des professeurs d’université ne savent pas corriger des simples communiqués (d’une page) en français ? Et pourtant le français est la langue officielle ainsi que la langue d’éducation en RD Congo. Il faudra donc veiller à augmenter le niveau et la qualité d’éducation si on veut voir ces genres de pratiques diminuer.
  3. Ce phénomène démontre aussi un certain manque d’humilité. Une fois que l’on comprend que l’on n’a pas la maitrise de la langue, il est prudent et sage de faire appel à ceux qui sont les experts dans le domaine. Ainsi je me demande si dans toute la province du Sud-Kivu, avec environ six millions d’habitants, il manque un seul professeur de français qui aurait pu aider le gouvernement provincial en corrigeant les communiqués et différentes communications qui sont publiés afin de les conformer aux exigences de la langue française. Et elle en a des exigences, celle-ci.
  4. Et si on se « décoloniser » de cette langue étrangères ? Pourquoi les dirigeants ne feraient pas des communiqués dans une de nos langues nationales (le swahili) par exemple ? Il est peut-être temps de relancer le débat sur ce sujet. En Tanzanie, au Kenya, au Rwanda et Burundi on a compris le besoin de recourir aux langues nationales non seulement dans l’enseignement mais dans la communication. Avons-nous honte de qui nous sommes ? Ou alors sommes-nous si nostalgique de la colonisation que nous voulons à tout prix en préserver les vestiges (et nous n’y parvenons pas très bien).

Quoi qu’il en soit, je pense que nos amis de Nyamoma ont encore beaucoup des choses à faire pour s’assurer que les lettres et communiqués ne soient plus en majuscule. Personnellement je les préférerais en swahili plutôt qu’en français Majuscule ! Mais avons-nous pris conscience de cette réalité ?

Chers amis auditeurs et auditrices de la Radio Universitaire Jambo FM, merci d’avoir suivi « MON POINT DE VUE » dans ce numéro, nous sommes revenus sur un phénomène anodin qui étonne plus d’un dans la province du Sud-Kivu : les lettres administratives et communiqués en majuscules. Cette chronique vous a été présentée par le Rev Nicolas Kyalangalilwa. Laissez-moi vous souhaiter une heureuse semaine. A très bientôt pour un nouveau numéro. En attendant portez-vous bien et que Dieu vous bénisse !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *