LA MONUSCO : une fin annoncée mais turbulente

Merci d’être nombreux à l’écoute de ce soixantième numéro. Laissez-moi vous souhaiter un excellent début de semaine. Souhaitons une heureuse fête des parents à tous les parents ce jour ! Merci pour le model que vous êtes pour vos enfants et les sacrifices que vous encourrez pour leur promotion et développement ! Ensemble travaillons pour une société plus inclusive et juste envers ses membres. Dans ce numéro nous reviendrons sur l’actualité nationale principalement la posture et situation actuelle de la MONUSCO en RDC.

LA MONUSCO : une fin annoncée mais turbulente

La dernière semaine du mois de juillet 2022 a vu des manifestation et protestation demandant le départ de la MONUSCO du sol de la RDC. On estime qu’une dizaine des Congolais ont perdu la vie dans ces échauffourées pendant que 3 casques bleus ont été tués. Le dimanche 31 juillet c’est une unité de la fameuse brigade d’intervention de la MONUSCO qui force le poste frontalier de Kasindi et tue en passant un Congolais et fait plusieurs blessés.

Malgré les communiqués des Hauts responsables de la MONUSCO ainsi que des Nations Unies sur ces incidents, et cela conjointement avec les autorités Congolaises, la tension est loin de baisser. Et cela avec raison. Voués à eux-mêmes face à une insécurité grandissante, des autorités dont le mutisme n’est égal que par leur inefficacité à résoudre la question sécuritaire à l’Est de la RDC, le peuple ne trouve d’autres bouc émissaires qu’en cette force de la communauté internationale qui a du reste trop durée !

Déjà dans nos chroniques (le numéro 4 du 30 décembre 2021 et le numéro 59 du 18 juillet 2022) nous sommes revenus sur l’opportunité et l’efficacité de cette mission onusienne et cela conformément à son mandat actuel en RDC.

« Le Conseil de sécurité a décidé de proroger d’un an, soit jusqu’en décembre 2022, le mandat de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et de sa brigade d’intervention. Le Conseil a approuvé également la stratégie de retrait progressif de la Mission. Quelle lecture faire de cette prorogation dans un contexte de plus en plus contestataire de l’efficacité de cette mission onusienne qui est, vous vous souviendrez, la plus grande au monde. Le gens commencent à se fatiguer de la présence de cette mission alors que la situation sécuritaire ne semble pas s’améliorer. D’autres vont jusqu’à taxer cette mission de source d’instabilité dans la région car disent-ils « No war, no job ». Des déclarations et manifestations divers appelant au départ de la mission onusienne se font entendre ça et là…et pourtant le conseil des nations unies décide encore une fois de proroger le mandat de la MONUSCO pour une année. »

D’aucun comprendrait la présence continue des Nations Unies en RDC est un aveux d’échec quant à la restauration de la paix. Que la situation à l’est de la RDC est loin de s’améliorer, et donc nécessite la présence continue du médecin qu’est supposé être la MONUSCO. La question qui demeure est de savoir pourquoi les résultats ne sont pas au rendez-vous ? Certes depuis la présence des nations unies (au début des années 2000) en RDC, les choses ont sensiblement avancé, comment alors expliquer que la mission a du mal à « boucler la boucle » ? Qu’est-ce qui empêche à la MONUSCO d’en finir avec les groupes armés et de rétablir la paix dans cette région de la RDC ? Et cela malgré le fait qu’elle dispose du fameux mandat du chapitre sept qui lui permet quand c’est nécessaire d’user de force pour neutraliser les groupes armés qui mettent en périls la vie des citoyens Congolais. Elle le peut, elle en a le droit mais elle ne le fait pas. Quelle hypocrisie, de deux poids deux mesures ? Cette situation me rappelle celle des années 60 juste après l’indépendance. La sortie médiatique du président du Senat cache mal la posture malencontreuse dans laquelle le régime actuelle se retrouve. Il faut cependant dire que le Congolais n’a jamais compris le complot international qui dure des siècles contre lui et cela depuis la traite negrière. Au lieu de dépendre de soi-même, la RDC a toujours été dépendante de la communauté internationale.

Je crois à mon humble avis que c’est cette évaluation continue et objective de la MONUSCO qui manque. Son départ n’est pas la solution s’il n’est pas consécutif à la fin de l’activisme armée dans la partie Est de la RDC. Pour que la MONUSCO soit efficace, et ne se pérennise pas (et ne pas servir de « béquille » au gouvernement Congolais mais aussi sans quitter d’une manière précipitée et précoce), il faut une mise en place d’un certain nombre des mécanismes. J’en propose deux.

Il faut un organe gouvernemental (et donc institutionnel pour éviter des discours populistes comme on en a vu ces derniers temps), avec des branches en province qui suivra d’une manière objective du point de vue de la RDC l’efficacité des actions de la MONUSCO. Peut-être un ministère ou alors un Haut-commissariat, uniquement dédié aux relations avec les nations unies (en RDC et le bureau de l’envoyé spécial pour la région des grands lacs) qui rendra compte aux élus du peuple de son travail et de l’évolution de ce processus. Cet organe définira ensemble avec les nations unies les objectifs ainsi que la stratégie appropriée pour que la mission réussisse ses objectifs- la pacification et stabilisation de l’Est de la RDC.

Il faut aussi un cadre non institutionnel-tripartite de suivi et évaluation de l’efficacité de la mission onusienne entre la MONUSCO, la Société Civile et le gouvernement Congolais. Ce cadre pourra faire l’évaluation dans le temps des actions planifiées, et décider de leur succès ou échec, en comprendre les causes et s’assurer que ces mêmes échecs ne se répètent plus. C’est à partir de ce cadre que des propositions seront formulées sur les éléments nécessaires à inclure dans le mandat de la mission onusienne. A ma connaissance un tel cadre n’existe pas. Et aussi longtemps que celui-ci n’existera pas, la question de la nécessité et de l’objectivité de la présence de la MONUSCO en RDC se posera. Au lieu donc d’exiger le retrait de la mission onusienne sans que l’activisme des groupes armés à l’Est de la RDC ne soit terminé, les forces vives et politiques devraient plutôt s’atteler à s’assurer que l’action de la MONUSCO est continuellement évaluée, les obstacles enlevés afin que sa mission soit achevée. Alors il n’y aura plus raison pour les casques blues de rester en RDC. Mais aura-t-on ce courage, l’audace (et le poids) politique pour se doter de ces mécanismes de contrôle pour la plus grande mission onusienne au monde ?

Espérons que les troubles et déboires actuelles vont faire à ce que les Congolais comprennent que s’ils ne prennent pas en main leur destin, ils seront toujours les esclaves des autres. Mais est-ce que cette jeunesse qui ne rêve que d’aller en Europe et d’être adopté par l’homme blanc comprendra cette réalité ?

Chers amis auditeurs et auditrices de la Radio Universitaire Jambo FM, merci d’avoir suivi « MON POINT DE VUE ». Dans ce numéro, nous avons parlé de sur l’actualité nationale principalement la posture et situation actuelle de la MONUSCO en RDC. Cette chronique vous a été présentée par le Rev Nicolas Kyalangalilwa. Laissez-moi vous souhaiter une excellente semaine. A très bientôt pour un nouveau numéro. En attendant portez-vous bien et que Dieu vous bénisse ! Et encore une fois joyeuse fête des parents !

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