Date : Vendredi 07 septembre 2022
Merci d’être nombreux à l’écoute de ce soixante dix-septième numéro. Laissez-moi vous souhaiter une excellente fin de semaine. Ensemble travaillons pour une société plus juste et plus inclusive envers ses membres. Dans ce numéro nous reviendrons sur l’actualité nationale et plus particulièrement la question de l’exploitation minière en RDC !
Le potentiel minier en RDC : entre scandale et paradoxe
La République démocratique du Congo aurait un potentiel minier évalué à 24 mille milliards de dollars américains. Il s’agit là bien évidement d’une estimation car aucune étude de prospection complète n’a été menée. Et même si elle l’était, chaque jour avec les avancées technologiques, des nouveaux minerais pourrait y être découvert au-delà de ceux traditionnel connu. On rapporte que seulement 18% du potentiel minier de la RDC est connu (mais pas totalement exploité). Et donc il reste 72% à découvrir corroborant ainsi le slogan et surnom attribué à la RDC comme étant un pays réputé « scandale géologique ».
Laissez-moi mettre ces chiffres en perspectives. Présentement la population Congolaise est estimée à 120 millions des personnes (les estimations les plus généreuses). Et donc si l’on devait repartir équitablement les richesses de la RDC a sa population, chaque Congolais recevrait 0,2 milliards (200 millions) de dollars américains. Tout citoyen Congolais serait un millionnaire en dollars américains.
Une autre illustration, présentement le gouvernement Congolais se félicite d’avoir un des budgets les plus élevé de son histoire à presque 10 milliards des dollars pour l’exercice 2022 et 14 milliards pour 2023. Si le potentiel minier Congolais était disponible en cash, il couvrirait le budget de la RDC actuel pendant presque deux mille ans ! Et oui, et nous ne parlons là que du potentiel minier sans toucher au secteur énergétique, agricole ni au domaine des services ! La RDC est donc un pays à vocation de grandeur ! Un pays solution comme je l’entend souvent ces derniers temps !
Face à ces chiffres pharaoniques qui attestent que le potentiel minier de la RDC, tout observateur averti ne peut s’empêcher de se poser plusieurs questions essentielles surtout en observant la misère dans laquelle le Congolais moyen vit. Fantasme ou réalité, ce potentiel minier est-ce une bénédiction ou une malédiction pour le peuple Congolais ?
Considérant que même les 18% qui sont supposés connus n’arrivent pas à changer pour le mieux la vie des citoyens, il y a lieu de s’inquiéter car comme tout le monde le sait, les minerais sont des richesses « non renouvelables », ils s’épuisent après un temps. Et après ?
L’histoire récente de l’île de Nauru est un cas typique d’un pays qui est passé d’un rêve à un cauchemar. D’abord colonisée par l’Allemagne, puis l’Australie, Nauru connaît une prospérité sans précédent. La petite île, située au large de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, présente en effet un développement très important grâce à l’exploitation et l’exportation du phosphate. Ce minerai, très utile pour fabriquer l’engrais agricole, alimente l’agriculture australienne et britannique.
Cependant, dès les années 1990, l’épuisement des réserves minières, une mauvaise gestion des finances publiques et la dégradation de la santé publique caractérisée par l’apparition de maladies liées à une mauvaise hygiène de vie entraînent une paupérisation de la population et du pays en général, aboutissant à une faillite nationale.
Autrefois pays au plus haut revenu annuel moyen par habitant juste derrière l’Arabie Saoudite, Nauru connait une chute vertigineuse. Les dirigeants qui se sont succédé à la tête de la nation ont mené une gouvernance extravagante, matérialisée par des investissements douteux et n’ont pas assuré l’avenir du pays. Avec une gestion sérieuse, même avec l’épuisement des ressources de phosphate, l’argent accumulé aussi facilement aurait peut-être suffisant à pérenniser le futur de l’État.
Les habitants de Nauru auraient dû être riches, il ne leur reste plus rien. Une lueur d’espoir est cependant apparue. Des géologues affirment qu’il existerait sous les anciens gisements de nouvelles sources de phosphate. Des explorations ont été lancées, financées par de grands entrepreneurs australiens mais c’est une fausse bonne nouvelle, car compte tenu des dettes encore en cours, Nauru et ses habitants ne profiteront plus jamais de leurs ressources naturelles.
Quand j’étudie l’histoire de cette petite ile, j’ai froid aux dos. Au moins ils avaient investi leurs richesses. Mais hélas, la faillite était au rendez-vous. Quand sera-t-il pour un pays comme le nôtre qui lui jusque-là n’a encore rien bénéficié ni investit de son revenu minier ? Que Dieu nous épargne du pire !
Chers amis auditeurs et auditrices de la Radio Universitaire Jambo FM, merci d’avoir suivi « MON POINT DE VUE ». Dans ce numéro, nous avons parlé de l’actualité nationale et plus particulièrement la question de l’exploitation minière en RDC. Cette chronique vous a été présentée par le Rev Nicolas Kyalangalilwa. Laissez-moi vous souhaiter une excellente fin de semaine. A très bientôt pour un nouveau numéro. En attendant portez-vous bien et que Dieu vous bénisse !