Samedi 09 mars 2024
Mon point de vue est qu’une étude minutieuse de l’actualité du Sud-Kivu depuis l’indépendance de la RDC, démontre que cette province rencontre des difficultés sérieuses à décoller sur tous les plans. Plus de six décennies et demie après que la province ait acquis une autonomie, tout le monde est d’accord que sur le plan socio-économique, le Sud-Kivu est dans un piteux état comparativement à ce qu’elle était sous le joug colonial. Plusieurs théories ont été proposées au fil des temps sans aucun impact réel sur la façon dont la situation évolue sur terrain. Très peu d’observateurs avertis sont optimistes quant au changement et au développement prochain de la province du Sud-Kivu qui a pris du retard sur plusieurs des provinces sœurs.
Mon point de vue est que le Sud-Kivu, comme plusieurs autres provinces à l’instar de la RDC, n’a pas encore réussi à trouver son âme ainsi que sa destinée. Les peuples du Sud-Kivu continuent à s’identifier en des termes ethniques, claniques voir même tribaux. Ce que cela veut dire est que la province est donc à l’image du pays, un assemblage des royaumes tribaux plutôt qu’une entité faisant parti d’un plus grand groupe. Si déjà la question identitaire est un handicap pour la province, il est donc difficile d’identifier l’âme Sud-Kivutienne dans ce conglomérat. Les problèmes de développement et l’échec de trouver un consensus sur le plan politique ou social quant à son essor et au développement, ne sont en fait que des expressions visibles de cette triste réalité spirituelle : Tout comme la RDC, le Sud-Kivu n’a pas encore trouvé son âme, sa boussole morale.
Mon point de vue est que sans une boussole morale et un esprit de consensus large et profond, le Sud-Kivu ne sera pas au rendez-vous du décollage pour son développement. Si l’on devrait ne considérer que les réalités telles qu’elles nous sont visibles, il est juste de noter que les symptômes de ce manque de boussole morale pour le Sud-Kivu ne sont pas prêts à disparaitre du jour au lendemain. Il s’agit-là de toute une génération des leaders qui dirigent sans une connexion directe ou supposée avec l’âme de la province. Le manque de consensus sur l’avenir de la province ainsi que ses priorités, au-delà des clivages et tendances n’est qu’une indication qu’il reste encore beaucoup de travail à faire dans ce domaine. Il sied ici de souligner que aucun territoire ou « tribu » ne semble échapper à la règle. La peste a touché tous les animaux de la forêt. Les tendances actuelles observées en province n’indiquent pas que le Sud-Kivu se relèvera de bientôt
Mon point de vue est qu’à ce stade seule la jeunesse peut encore aider la province à décoller. Mais ces jeunes leaders ne doivent pas sortir des moulles des vielles outres. Ils doivent inventer et tracer leurs propres voies. Pour que le changement soit au rendez-vous, il faudra initier des actions concrètes dans le sens d’aider les sud-kivutiens à retrouver ou à se créer une âme collective. Ce processus a soit été la conséquence d’une action intentionnelle au travers une formation idéologique et la mise ne place des structures et institutions qui reflètent cet idéal, ou alors la résultante d’une période de tensions fratricides. J’espère que le Sud-Kivu choisira la première voie. Car l’histoire nous apprend qu’aucun peuple n’échappe à son destin. Il peut tarder à se réaliser et prendre du temps à se forger mais il finit toujours par se réaliser. La jeunesse devra garder un œil attentif pour encadrer ce processus formateur inéluctable.
Rev Kyalangalilwa M Nicolas